MOULINEX: LES RECETTES SALÉES DE L'EX-PATRON

Le 11 novembre 2009

Article de Xavier Bénéroso paru dans SINE HEBDO le 14 octobre 2009

Le chantier de la "moralisation du capitalisme" est, parait-il ouvert.
La mise en liquidation de Moulinex en 2001 et la façon dont ses dirigeants se sont gâtés est un cas d'école.

Selon nos informations, c'est ce mois-ci que Pierre Blayau devrait être convoqué chez les juges de Nanterre.
Il doit répondre à certaines questions liées à la faillite de l'ancien numéro 1 français de l'électroménager. Aujourd'hui patron du groupe Géodis, Pierre Blayau était à l'époque PDG de Moulinex et, malgré ses efforts, n'a pu éviter le naufrage. [...] Pourtant, voyez comme la vie est injuste : Pierre Blayau a été mis en examen en juillet 2004. La faillite de Moulinex a laissé des traces financières - un trou de 300 millions d'euros et humaines - près de 3 240 suppressions d'emplois en Basse-Normandie.
Mais que reprochent vraiment les juges à Pierre Blayau ? Une faillite, après tout, c'est la vie des affaires! [...] Le problème, c'est que la justice se demande si la direction de Moulinex n'a pas un peu poussé l'entreprise dans la tombe, notamment, et cette affaire dans l'affaire est au cœur des investigations par l'intermédiaire de la mystérieuse société Cocexaide. Le 30 juin 2002, l'information judiciaire est déjà ouverte depuis un an lorsque les policiers de la brigade financière interrogent l'ancien PDG sur cette discrète structure. Pierre Blayau leur répond: "il s'agit d'une structure juridique créée qui est une sorte de coquille transparente par laquelle doivent transiter des dépenses à caractère confidentiel vis-à-vis des services comptables généraux. Le climat social chez Moulinex faisait que la discrétion était souvent nécessaire."
Tout cela se déroule dans le respect des règles, et les versements qu'effectue Cocexaide sont dûment déclarés au fisc.
Hors de question, en revanche, d'en donner les montants lors des conseils d'administration auxquels assistent des représentants des salariés, dont aucun n'a jamais entendu parler de cette discrète cagnotte[..]
Echange entre un enquêteur de la brigade financière et Alain Grimm-Hecker, l'ancien directeur général adjoint.
Question: "Quelle est la raison du versement d'une prime exceptionnelle ?"
Réponse: "Je ne sais pas. [...] Ceci était déterminé par Pierre Blayau en fonction de son propre jugement sur la valeur et la performance du collaborateur concerné." [...]
En 2004, les enquêteurs reviennent à la charge. Ils veulent comprendre: pourquoi avoir créé une structure aussi opaque que la Cocexaide ? La réponse de l'ancien patron est désarmante : "parce que c'était l'usage.[...] Philippe Sumeire, directeur juridique de Seb, m'a confirmé que cette coquille transparente, externalisée, était parfaitement légale." Légale ? Apparemment oui, puisque la question a été tranchée juridiquement: l'affaire Moulinex n'ira pas au pénal.

Un autre point chagrine beaucoup les enquêteurs. Au point de les amener, le 1 juillet 2004, à mettre Pierre Blayau en examen pour "avoir commis une banqueroute par moyens ruineux et par détournement d'actif s'agissant de la somme de 9 millions de francs (1 371 951 euros) dans le cadre d'une clause de non·concurrence".[...]
Extrait de leur audition de Pierre Blayau.
Question : "Le 22 décembre 2000, jour de votre départ de Moulinex, vous saviez que vous alliez prendre vos fonctions, une quinzaine de jours plus tard, en qualité de dirigeant de Géodis ?"
Réponse: "J'avais une forte chance de le faire."
Question: "Quelle est l'activité du groupe Géodis ?"
Réponse : "Transport et logistique."
Question: "Cela a-t-il un quelconque rapport avec l'électroménager ?"
Réponse: "Cela n'a aucun rapport avec l'électroménager."
En clair, Pierre Blayau a obtenu 9 millions de francs de Moulinex pour s'assurer qu'il n'irait pas monnayer ses talents dans l'électroménager, alors même qu'il savait pertinemment qu'il allait travailler dans un autre secteur d'activité et que Moulinex était déjà largement dans le rouge.
[...]
Comme président-directeur général de Géodis, il touche maintenant 400 000 euros de salaire, plus un bonus d'environ 180 000 euros.
Elle est pas belle la "moralisation du capitalisme"?

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